Il est des lieux magiques.
D'abord naturels. Nés du croisement heureux de quelques racines, de courants telluriques, de champs magnétiques. Une source secrète, un
cercle de champignons, un rocher que l'érosion a taillé pour que,
sous une certaine lumière, il évoque le visage de quelque divinité.
Puis l'homme est venu pour voir ces miracles, mais aussi pour installer lui-même de nouveaux lieux magiques, parfois par dessus ceux pré-existants : alignements de pierres, templum délimités par quatre palissades, peintures rupestres. Peu à peu, au fil des siècles, il est devenu plus industrieux, taillant la roche, élevant des colonnes, des basiliques... Enfin vinrent les poutres d'acier et les boulons, le charbon et la suie à travers laquelle on ne voit même plus le soleil, mais au milieu jaillit tout de même une fée... Électricité qui permit de nouveaux miracles, dans de nouveaux temples où officient de nouveaux génies, dans des réseaux de câbles reliés à des ensembles de manettes et boutons dont les combinaisons possibles sont aussi ésotériques que le manuscrit deVoynich au non-initié qui les regarde mais en décèle le potentiel magique.
Puis l'homme est venu pour voir ces miracles, mais aussi pour installer lui-même de nouveaux lieux magiques, parfois par dessus ceux pré-existants : alignements de pierres, templum délimités par quatre palissades, peintures rupestres. Peu à peu, au fil des siècles, il est devenu plus industrieux, taillant la roche, élevant des colonnes, des basiliques... Enfin vinrent les poutres d'acier et les boulons, le charbon et la suie à travers laquelle on ne voit même plus le soleil, mais au milieu jaillit tout de même une fée... Électricité qui permit de nouveaux miracles, dans de nouveaux temples où officient de nouveaux génies, dans des réseaux de câbles reliés à des ensembles de manettes et boutons dont les combinaisons possibles sont aussi ésotériques que le manuscrit deVoynich au non-initié qui les regarde mais en décèle le potentiel magique.
La musique "est un
miracle", écrivait l'auteur allemand Heinrich Heine. "Elle
est entre la pensée et le phénomène : comme une médiatrice
crépusculaire, elle plane entre l’esprit et la matière,
apparentée à tous deux, et pourtant différente de tous deux."
Et ce miracle s'est répandu depuis à travers ondes
électromagnétiques et systèmes électriques. Mais, pour cela, il a
besoin d'un berceau, d'une matrice pour se matérialiser une fois
sorti des esprits de ses créateurs. Un temple dont les murs, en
eux-mêmes, importent peu. Seules comptent les merveilles qui s'y
produisent, échauffant l'imagination des fidèles en attendant de
recevoir entre leurs mains les artefacts de légende dans lesquels
flottent un peu d'âme de ces cabinets de thaumaturgie qu'on appelle
communément "studios d'enregistrement". Si leurs noms
restent souvent ignorés, cachés derrière les œuvres qui en ont
jailli, d'autres deviennent des lieux culte au même titre que les
disques qui y ont pris corps.
Le studio Sound City est
un de ces lieux magiques où certaines racines du rock se croisent,
où les plaques tectoniques musicales s'entrechoquent faisant jaillir
des sommets, où se taille sur bande analogique un peu du visage de
la divinité ici adorée.