Comment en est-on arrivé là ? Probable que la sortie du nucléaire au Japon n'a pas duré assez longtemps alors que la catastrophe de Fukushima avait déjà réveillé quelque chose - pire que Godzilla - de profondément enfoui dans les riches strates souterraines du "What The Fuck" de l'archipel. Sans doute que la trop facile acceptation du phénomène BabyMetal, qui a assailli le monde et internet dès 2011, a laissé grand ouverte la boîte de Pandore du tout-et-n'importe-quoi du mélange musical. Mais peut-être qu'on s'en tamponne pas mal des raisons qui ont mené à ça et qu'on va encore se laisser prendre par surprise et se contenter de regarder cette nouvelle entité pénétrer nos vies de façon tentaculaire. Voilà LadyBaby, fille/fils caché(e) et velu(e) issu(e) de l'accouplement trioliste de la J-Pop, du metal et... du catch :
Curieux tout de même de comprendre comment est né ce nouveau kaijū sonore et visuel ? A contrario de ce que l'on pourrait penser de prime abord, surtout si l'on est habitué aux fantaisies de la J-Pop et des groupes d'idols en particulier, le monsieur coincé entre les deux donzelles en jupes à carreaux n'est pas le produit rapporté au milieu d'un monde de fanfreluches pour lui donner un aspect plus rugueux : il est l'élément central, le point de départ de cette folie pop-metal.
En cherchant assez loin, on parvient à remonter le fil de l'histoire, celle de Rick Magarey, catcheur australien parti chercher la gloire à Hong-Kong en 2006 (il vise d'abord une carrière dans le cinéma d'action) où il va se faire connaître en tant que lutteur et chanteur de metal travesti et velu sous le nom de LadyBeard. Un succès instantané.
Puis en 2013 il franchit la mer, direction le Japon où il développera sa carrière, devenant notamment un "phénomène internet" (on met des guillemets car cela reste tout de même relatif) à travers des vidéos, comme sur sa chaîne YouTube où on peut le voir cuisiner, déclamer des haïkus, jouer à des jeux vidéo, parler de films de robots géants, jouer la comédie avec le "Sailor Suit Old Man" (un vrai gentleman, dixit LadyBeard) et donner des cours d'auto-défense pour femmes en compagnie de l'artiste martial et acteur de films d'action Chris Johnson, et parfois même chanter des reprises musclées de tubes de la pop nippone (déjà en Chine il faisait des reprises metal de chansons pop cantonaises) dans des vidéos de ses performances live solos parfois agrémentées de moments de lutte ou de nunchakus (cf. vidéos ci-dessous). Et le tout sans jamais se déparer d'une touche féminine.
Enfin, après tout ça, il fonde LadyBaby - un peu comme BabyMetal mais avec LadyBeard, et à la différence que LadyBaby, c'est du kawaiicore (selon les termes de LadyBeard) alors que BabyMetal, c'est du kawaii-metal, c'est une GROSSE différence ! - avec les jeunes chanteuses Rie Kaneko et Rei Kuromiya, groupe qui mêle son amour du metal et de la J-Pop. Et voilà en 2015 ce premier single (dont vous avez pu déjà voir, et revoir, et re-revoir le clip plus haut) intitulé "Nippon Manju" (décrit comme une ode à toutes les choses qu’il aime au Japon) qui sera disponible à partir du 29 juillet si vous voulez casser votre tirelire de yens.
Site web de LadyBeard
Chaîne Youtube de LadyBaby