lundi 26 octobre 2015

C'est lundi, c'est la reprise : Jim Carrey est un drôle d'animal marin


Le problème avec les groupes culte, fondamentaux, géniaux, séminaux, poils au dos (rayez les mentions inutiles), c'est le respect qu'ils inspirent. Et ils inspirent un monde fou ! Prenons un exemple parfaitement au hasard : les Beatles (je vous jure que c'est un pur hasard !). Dès la décennie qui les a vus apparaître, les années 60, ils étaient déjà une influence pour de nombreux musiciens ou au moins de nombreux musiciens reconnaissaient leur talent et reprenaient déjà leurs tubes, les transformant déjà en classique. Le souci : le respect, on vous l'a dit, faut suivre un peu !

Et ça marche même pour les chansons a priori les moins emblématiques des Fab Four. Prenons encore un exemple totalement au hasard : "I Am The Walrus". Ce titre est en soi une blague, un pied de nez envers tout ceux qui tenteraient de percer le sens de cette chanson, un assemblage surréaliste à la fois inspiré par le LSD, les chansons enfantines parlant de vomi et, évidemment, des écrits à la logique tordue de Lewis Carroll (le Walrus en question étant bien entendu le mammifère marin du "Morse et le Charpentier") et aurait pu être considéré comme une chose aussi stupide que le film Magical Mystery Tour qu'il allait accompagner.

Mais dès la fin des Sixties, les pionniers des musiques heavy emblématiques de la décennie suivante comme Spooky Tooth ou les plus confidentiels Affinity reprenaient déjà ce titre dans des versions admirables, avec la touche de lourdeur et de psychédélisme représentatifs des jeunes groupes de cette nouvelle ère du rock que les Liverpuldiens expérimentaient en même temps dans les dernières années de leur association. Mais toujours avec ce respect pour la partition, la mélodie, et seulement quelques écarts par rapport au rythme.

Même les punks dans les années 80 (que ce soit Gray Matter ou Pop-O-Pies) montrèrent du respect pour ces aînés et ce titre si anti-conventionnel. Même en y ajoutant l'agressivité de leur genre musical, il n'était pas question de faire sauter une mesure, de démonter quoi que ce soit sans que tout se casse la tronche dans l’œuvre de ces immenses mélodistes que sont les Beatles. Le temps passant, les seuls détournements apportés par rapport au matériau originel n'a été que dans le choix des instruments de musique, tout particulièrement avec l’incursion de l'électronique, mais le Walrus était toujours le même.

Par conséquent, puisqu'il ne faut pas espérer voir quiconque découdre le cuir du morse, il faut accepter de le voir lustrer. Et c'est George Martin, LE producteur des Beatles himself, qui réunit en 1998 un panel de stars sur l'album In My Life pour rendre hommage à certaines chansons de ceux qu'il a fait et qui l'ont fait en même temps. Le résultat est une collection de reprises plus ou moins heureuses : "Come Together" par Robin Williams et Bobby McFerrin (monsieur Don't Worry Be Happy), "Here, There And Everywhere" par Céline Dion, "Golden Slumber" par Phil Collins (au chant, à la batterie et aux chœurs, rien que ça) et même Sean Connery pour une lecture en musique de sa voix profonde du texte de "In My Life". Oui, il y a vraiment à boire et à manger dans ce disque.

Mais le joyaux, ce qui donne vraiment son intérêt à cet album, c'est la participation d'un autre acteur dont on ne connait que trop peu les talents de chanteurs, qui quelques années auparavant courait après un dauphin dans les frusques d'Ace Ventura et qui enfilait désormais le costume d'un autre mammifère aquatique : Jim Carrey.


Impressionné ? Hey, n'est-il pas l'acteur au jeu aussi élastique (à l'époque il laissait un peu de côté les personnages de clown pour un registre plus dramatique dans The Truman Show) que son visage ou  sa voix à même de produire les plus bluffantes imitations ? Pas étonnant donc qu'il sache aussi bien faire vibrer cordes vocales et babines pour réaliser un aussi bon tour de chant. Et puis, pour réinterpréter cette loufoquerie, choisir l'un des artistes les plus loufoques de ces dernières décennies, n'est-ce pas une façon de la transcender ?

Enfin, si vous voulez en savoir plus sur cet album, un documentaire racontant ce projet est à votre disposition :