dimanche 29 novembre 2015

PoiL : l'interview (2e partie)


Voici la fin de l'attente et donc la suite et fin de notre interview avec les sémillants PoiL. La première partie s'arrêtait sur leur exceptionnelle "incursion" sur la scène politique régionale, nous repartons donc sur le sujet de leur excursions sur les scènes d'Europe.

Il sera aussi question dans cette partie de leur rapport poussé à un autre groupe au nom peu commun (mais néanmoins évocateur pour les connaisseurs) : Ni. Nous mettrons aussi le nez dans les secrets de fabrication de leur musique et bien sûr nous tenterons d'avoir des nouvelles du futur du groupe.

Parlons un petit peu des tournées car vous en revenez, vous avez fait quelques dates en octobre. Des tournées qui vous emmènent loin parfois.

Là, c'était une petite tournée, un petit tour de Gaule avec nos copains de Ni...

Ni qu'on retrouve souvent dans l'histoire de PoiL...

Bin ouais, on s'est rencontré il y a trois ans et demi. On a fait notre première grande tournée avec eux et depuis c'est l'amour fou.

D'ailleurs, vous êtes copains avec Ni, vous avez joué avec Pneu, Cheveu... il y a une guilde spéciale pour les groupes avec des noms pareils ? Vous vous concertez ?

Je pense que ça n'a rien à voir. Parce que Cheveu et Pneu on n'a aucun lien avec eux, on les connait pas plus que ça. On partage le même réseau de scène mais on ne les connait pas spécialement. On a joué une fois ou deux avec tout ces groupes là. Alors que Ni, c'est différent, ils habitent pas loin de chez nous. Maintenant on a un groupe avec eux, moi (Guilhem) j'ai un autre groupe avec le guitariste, un autre groupe avec le bassiste, alors maintenant on fait partie de la même famille.

Et maintenant il y a le projet PinioL...

Voilà, c'est ça.

C'est quoi en fait le projet PinioL ?

Eh bien, c'est PoiL et Ni réunis.

Une fusion avec tous les membres ensemble ?

Oui, deux batteries, deux basses, deux guitares et un clavier au centre.

Et du coup, ça donne quoi ?

On est en train de travailler. T'as pas pu écouter encore, je pense...


Vous aviez mis un lien...

Guilhem : Il y a eu un truc mais c'était une erreur... je sais pas ce que c'est...

Boris : Il y a le morceau de François Mignot (guitariste de Ni, ndlr) qui est en ligne (cf. ci-dessus, ndlr).

Guilhem : Ha, d'accord, bin j'étais pas au courant. Mais bon... Là, on a filmé un truc qui va peut-être être en ligne suite à notre deuxième résidence [au Brise-Glace à Annecy, ndlr], où on commençait à avoir deux bouts de morceau pas finis qu'on a filmé pour faire la promo et là on en est presque à avoir trois morceaux. Ça avance doucement parce qu'il faut se réunir tous pour travailler les morceaux. Tout le monde écrit dans ce groupe, chacun à amener un morceau, donc c'est cool et on est super contents.

Toujours proches de vos registres d'origine ?

Bah, ouais, j'ai l'impression que ça fusionne bien. On sent la patte de Ni, la patte de PoiL... mais c'est le début, c'est difficile d'en parler.

Pour en revenir à vos tournées, elles vous emmènent souvent dans de nombreux pays européens...

Notamment en Allemagne. On a un public extrêmement chaleureux en Allemagne qui adore tout le rock progressif, tous les groupes auxquels on est comparé. Il y a vraiment un public qui nous suit. Ils ont fait un diagramme il y a pas longtemps sur tous les groupes différents que nous avons. Ils sont à fond. Là-bas, on a vraiment un super accueil, les gens sont super à l'écoute, c'est hallucinant.

Vous avez l'impression qu'on s'exporte mieux en tant que groupe français qui s'exprime (en partie) en français quand on fait une musique aussi alambiquée que la vôtre ?

En l'occurrence, j'ai l'impression que c'est parce que c'est un milieu – c'est pas forcément les Allemands – un milieu rock progressif. Parce que quand on joue dans d'autres pays, en Italie, en Angleterre, c'est pareil qu'en France, il y a des gens qui adorent, des gens qui aiment moins... J'ai plus l'impression que c'est dû au milieu, qu'il y a un réseau de gens qui sont à fond dans la musique rock alambiquée, rock progressif, qui sont très à l'écoute.

Brossaklit, votre album sorti l'an dernier, est le premier à avoir bénéficié d'un vrai travail en studio, "le premier vrai album de Poil", comme vous dites. Les précédents vous les aviez enregistré à la maison, en "home studio" ?

Non, il y en a un qu'on a fait dans un petit studio avec un pote qui nous a aidé, puis un autre c'était dans un vrai studio mais on a eu deux jours de studio pour faire l'enregistrement et le mixage. On l'avait enregistré pour faire une maquette mais comme on en était assez content, on a fini par le sortir en vinyle et en CD. Et du coup, Brossaklit, c'est effectivement vraiment la première fois qu'on avait vraiment le temps de passer quinze jours en studio, de faire un bon mixage et tout. On en est content du coup. Pour la première fois [rire].

Brossaklit : de la tendresse et des poils.

C'est vrai qu'on sent une vraie différence dans la qualité du son.

C'est très produit. Là, on a eu envie de faire un truc très produit avec plein de trucs, plein de pistes. Même si on n'a pas pu faire tout ce qu'on voulait faire parce que c'est infini avec toutes ces histoires de production, d'arrangements, tout ça. Mais bon, on a pu déjà toucher à pas mal de choses dans cet album là, chose qu'on n'avait jamais pu faire avant. Dans Dins O Cuol, un album dont on est très content aussi, on aime bien les morceaux, comment on les a joué, sauf qu'il n'y a pas du tout de travail de son. C'était juste pensé comme une bonne démo. Mais il se trouve qu'historiquement, c'est le moment où on a rencontré notre manager et il avait besoin d'un bon outil de promo un peu sérieux donc il l'a présenté d'abord comme un album et ensuite il y a eu Gnougn Records, un label clermontois, qui était motivé, qui nous a proposé de le sortir en vinyle et c'est devenu notre album. Mais voilà, ça n'a pas du tout bénéficié du recul et du travail – on l'a fait en deux jours, quoi - et de la préparation qu'on a eu sur Brossaklit.

Du coup, avec le recul, en ayant entendu le son que vous pouviez avoir avec une bonne prod', vous n'avez pas envie de réenregistrer vos anciens morceaux, voire vos albums complets ?

Ils sont en train d'être remixés pour ressortir sur un label allemand. On va essayer mais c'est un peu laborieux parce qu'on a plein d'autres choses à faire et c'est un peu compliqué de tout gérer. Mais c'est l'idée : pas de les réenregistrer, pas de les rejouer mais de peaufiner le mixage. Parce que retourner en studio pour rejouer les morceaux... surtout que la plupart des morceaux ne sont plus d'actualité, le premier album, on peut plus le jouer ; contrebasse, piano, batterie, on en est loin. Et puis on ne sait plus le jouer [rire].

Vous avez le projet PinioL qui vous occupe actuellement mais est-ce que PoiL travaille déjà sur la suite de Brossaklit ?

C'est ce qu'on fait aujourd'hui, doucement parce qu'on n'a pas énormément le temps, ça fait trois jours qu'on bosse un nouveau morceau qu'on va essayer peut-être de jouer ce soir mais c'est pas dit.

Une date butoir pour le nouvel album ?

Dans une année, je crois, à peu près. On ne va pas enregistrer avant fin 2016, c'est sûr. Enfin c'est sûr que ce ne sera pas avant fin 2016 en étant optimiste. On peut dire, probablement, que l'album sortira en 2017.

Toujours la même prod', toujours au studio Cartellier ?

C'est pas dit. C'est bien d'essayer autre chose aussi. On n'en est pas là, quoi. On n'a pas du tout pensé à ça. On n'a encore qu'un seul morceau en préparation. C'est loin.

Et comment vous composez Poil : est-ce que ça passe par des jam-sessions ? Comme vous venez d'une formation académique, est-ce que vous passez d'abord par le papier à musique avant de jouer ?

On écrit beaucoup sur partition. On a fait ça pendant très longtemps. Au tout début, il y avait des partitions, il y avait quand même beaucoup de travail collectif dans l'arrangement, où chacun trouvait un peu ses parties. Mais ça partait surtout d'une partition d'Antoine. Et puis après on a avancé en faisant des partitions de plus en plus précises où tous les instruments étaient écrits. Dans l'album Brossaklit, il y a un morceau qu'on a composé tous ensemble et sinon tous les morceaux c'est des morceaux écrits pour tous les instruments. Et là on recommence à faire des séances d'impros complètement libres pour débloquer d'autres modes de jeu, d'autres dynamiques, d'autres jeux entre nous

En venant du jazz, en tout cas, avec pas mal d'influences jazz derrière vous, est-ce que vous jammez un peu sur scène ou est-ce que ça reste carré ?

Non, non, non ! Très, très peu. Sur le premier album et au tout début du groupe, dans les trois, quatre premières années, il y avait quand même pas mal d'impro, même sur scène. Mais après, on a complètement réduit ça à zéro. Il en reste un tout petit peu mais c'est pas de l'impro sur grille, donc quasiment pas d'impro.

Vous sortez d'une série de concerts mais des concerts à venir ?

Non. Ce soir on joue chez des potes mais c'est autre chose. Il y a trois concerts prévus en mars mais rien de fixé. Là, on se concentre vraiment sur notre nouveau morceau et sur PinioL. PinioL nous prend pas mal de temps, ça demande tellement de temps de répète que PoiL en pâtit un peu mais dès qu'on aura le concert de prêt pour PinioL, on pourra consacrer un peu plus de temps à PoiL.


Interview réalisée le 14 novembre 2015 à Lyon.
Page Facebook et Bandcamp de PoiL.
Page Facebook de PinioL.
Merci encore au groupe et à Clément de Dur et Doux d'avoir organisé cette rencontre.