S'il y a bien une chose que les fans de metal adorent, ce sont les reprises. Et aujourd'hui, à l'heure où Youtube permet l'accès aux plus belles pépites et aux pires déviances, ces derniers sont servis grâce à des covers Djent, prog, ou death de standards de la pop plus ou moins actuelle.
Mais s'il y a une chose que les fans de metal n'aiment généralement pas, c'est qu'on touche à leurs classiques. Et si vous pensiez que Richard Cheese et son jazz à pépère des casinos de Vegas (avec Lounge Against The Machine) leur avait tendu un affectueux majeur avec son Aperitif For Destruction, c'est que vous ne connaissez pas le petit sacripant qui lui en a donné l'idée.
Il faut dire qu'à la base le rock et le jazz/swing vont tout faire pour s'éviter. Frank Sinatra considère Elvis et ses compères comme des primitifs (bien qu'il maintiendra que Presley était le plus grand chanteur de son siècle), et les blousons noirs voient le Rat Pack comme une bande de prétentieux snobinards un peu has-been sur les bords.
Un des meilleurs exemples pour l'époque étant Paul Anka, très populaire au début des années 50 et qui disparaitra dès l'arrivée de Carl Perkins et Eddie Cochcran. Aujourd'hui encore ce dernier voue une haine assez féroce envers les Troggs et les Kingsmen pour leurs "Louie, Louie" et "Wild Thing" d'ailleurs.
Frank Sinatra et Elvis Presley : réunis pour le meilleur, mais surtout pour le beurre de cacahuètes ... euh le pire pardon ! |
Cependant dans les années 90, si certains chanteurs comme Harry Connick Jr tentent de faire perdurer l'héritage musical des crooners, on ne peut pas dire que qui que ce soit attende quelque chose de Pat Boone qui, malgré ses camions de disques vendus au fil des décennies (n°2 des ventes des années 50 juste derrière le King), se trouve relégué à présenter le Telethon américain.
Malgré tout, quand sort In a Metal Mood : No More Mr Nice Guy en 1997, le public s'attend encore moins à voire débarque Boone tout vêtu de cuir aux American Music Awards afin d’interpréter les reprises de son dernier opus, à savoir du Alice Cooper, Judas Priest, Van Halen, Metallica ou encore Dio.
L'habit à beau ne pas faire le moine, Pat Boone s'accapare à merveille tous les hymnes hard rock, faisant par ailleurs découvrir à de nombreux foyers américains son affection pour Ozzy Osbourne avec son étonnante version de "Crazy Train" (qui deviendra d'ailleurs le générique de "The Osbournes").
L'album lui vaudra néanmoins d'être évincé d'un programme évangélique qu'il animait, son "déguisement" passant assez mal auprès d'une partie de son public catholique (et pas très ouvert, d'après Boone lui-même).
Un album tout en muscle |
L'album pour sa part contient son lot de surprises avec les apparitions de Dweezil Zappa, Sheila E, Ritchie Blackmore ou même Ronnie James Dio en personne. Il contient surtout une reprise absolument splendide du "Holy Diver" de ce dernier : big-band vrombissant en backing-band, orgue Hammond avec un balai dans le cul et Dio en chœur... On est certes dans de la parodie, comme l'avait assumé Pat Boone à l'époque, mais Jésus, Marie, Joseph de nom de Dieu d’œuf à la coque, quelle reprise parfaite, assumée et qui dépote !
L'album ne fut pas une franche réussite auprès du public de Boone, mais il aura eu le mérite de le faire sortir de l'ombre et de le faire redécouvrir à d'autres, et surtout d'influencer l'excellent Richard Cheese, dont je ne saurais que trop vous recommander la reprise de "People = Shit" de Slipknot.
Mais il faudra attendre 2005 pour qu'un album de la même veine intitulé Rock Swings casse véritablement la baraque.
L'interprète de cet album relativement décevant ? ...... Paul Anka ....
Monde de merde.
Forcément, au golf, on se fait des potes ... |
Captain Nightfly