Depuis le début des aventures des G-Spots, nombre de nos coéquipiers
sont allés et venus, le plus souvent sans retour. Nous ne vous avons
jamais raconté comment les choses se sont passées alors. Pour une fois
nous allons vous raconter l'un de ces événements : comment StarFox a
disparu (première partie de cette histoire à lire ici).
Bien sûr, pendant des jours, des semaines même – traverser tout un pan de l'univers, même avec les meilleures technologies de propulsion hyper-spatiale, prend toujours un peu de temps – nous n'avons pas eu la moindre nouvelle de notre rusé ami.
Entre temps, nous avions sauvé la
Terre de l'invasion du général Lacent Vingaf et de son armée de Debtis...
Vous n'en avez jamais entendu parler ? C'est normal. Par notre
vigilance, nous évitons à la population de la planète entière
d'être perturbée par les tentatives mesquines d'adroits mais
néanmoins ignobles despotes en puissance de vous asservir mais aussi
d'en savoir quoi que ce soit ; le savoir changeraient vos vies
irrémédiablement et nous ne voulons pas cela. Bref, entre temps,
nous avons mené nos combats, notre sacerdoce pour ainsi dire, et
HackerGroove était lui-même parti en mission solo en Allemagne où
un monstrueux sauroptérygien
échappé du mésozoïque menaçait de faire du Rhin un courant à
sec.
Parallèlement,
nous savions à peu près où se trouvait StarFox. Il nous avait
laissé l'agenda de son voyage avec les fonctions à entrer dans le
communicateur pour tenter de le joindre en cas de pépin ou de
salière égarée. Il avait calculé approximativement – réaliser
l'équation permettant de savoir à quel instant, à quelle date
terrienne, relativement à ses déplacements supra-luminiques entre des
systèmes solaires à gravité variable et selon qu'il ait envie de
prendre un peu de bon temps ici ou là (même quand on doit aller
boucher un trou noir menaçant, surtout quand on entreprend une telle
chose, on ne crache pas sur certains plaisirs) nécessite parfois
d'accepter qu'une approximation s'invite à table – quand il ferait
son premier plein de cristaux intangibles pour alimenter
Faux-Ami, aux alentours d'une lune morte communément appelée Lune
Morte (et quoi ? Vous trouvez qu'appeler sa planète "Terre"
c'est plus original ?) ; quand il s'arrêterait saluer quelques
copines sur une étoile artificielle au nom imprononçable pour un
larynx humain, mais synonyme de plaisir dans la langue du Moyeu
Central, nous avait assuré StarFox (même si on devinait à la lueur
dans son regard qu'il y avait quelque chose de plus grivois
là-dedans) ; quand il passerait se remplumer chez ses parents et
prendre quelques armes sur sa planète natale avant sa pénultième étape.
Car
si ce trou noir menaçait bien une colonie de son peuple, ce n'est
pas sur Iwyn (la planète des Iwynogs, comme chacun le sait) que
StarFox allait obtenir un bouchon Hyper-G. Certes, son peuple avait
découvert depuis des temps immémoriaux toutes les technologies
applicables au contrôle des trous noirs mais l'appareil qui permet
d'éteindre tout bonnement l'un d'eux ne peut pas être déplacé, en
raison de la fragilité du seul aspect tangible d'un des composants
de son moteur quand il est soumis à des vitesses brisant certaines strates de la physique. En effet, pour bien des civilisations du centre de la
galaxie, transformer une simple théorie en son application pratique
était devenu aussi simple que de faire passer de l'eau de l'état
liquide à l'état solide et le fonctionnement du bouchon Hyper-G
reposait entièrement sur une pièce dépendant de cette solidité
mais pouvant rebasculer dans l’impalpable au moindre choc. Choc que
les sauts hyper-spatiaux provoquaient irrémédiablement. Sauts que
StarFox devait encore réaliser une paire de fois avant d'être assez
près du trou noir. Il devait donc récupérer l'appareil dont il
avait besoin pour mener à bien sa mission auprès du peuple le plus
proche de la colonie et en même temps du trou noir : les Tulliens.
Et
Starfox avait un jour affronté les Tulliens. Et ces derniers s'en
souviennent. Et ils ne sont pas près de l'oublier, c'est même
inscrit dans leurs nouveaux livres de géographie, le goupil
interstellaire ayant rendu les précédents obsolètes en une nuit.
Risque
absurde donc pour Starfox que d'accepter cette mission qui
l'obligerait à faire escale dans le plus grand guêpier répertorié
dans ce recoin de l'univers. Nous lui avions signalé notre
inquiétude à ce sujet quand il nous avait décrit ses plans. Nous
avons tous fait la grimace en entendant le nom des Tulliens : notre
ami nous a si souvent conté entre la poire et le fromage cette partie de ses aventures en
riant (en fait, il rit – riait - toujours en contant ses
péripéties, même celles qui se passèrent mal). Et il riait encore
face à nos craintes : "Vous pensez bien que je ne vais pas me
pointer sur la place publique avec une pancarte pour réclamer ce
bidule. Même chez mes ennemis, il y a d'autres ennemis qui seront
bien contents de prêter main forte à la bête noire de leurs
tourmenteurs. Et j'ai un don, vous le savez, pour toujours trouver
ceux qui sont toujours partant pour casser les pieds que je casserais
bien moi-même."
Il
n'avait pas tort mais vint finalement cet appel. Sauf que nous
n'étions pas au bout du fil ce jour-là. Loop Station, l'acolyte de Captain
Nightfly, était bien resté à la base pour arroser les plantes mais
il n'y a pas de plantes dans la salle où nous gardons le
communicateur à rebonds. Le reste de l'équipe était au prise avec
les requins volants à trois têtes du Docteur Asylium et StarFox
avait laissé un message :
"Salut
les copains. Bon, vous devez être sortis botter des culs et moi je
n'aurais pas l'occasion de rappeler de si tôt alors voilà... Vous
allez dire que vous m'aviez prévenu mais, hey, je n'aurais jamais
vécu toutes ces belles histoires, je ne vous aurais pas connu par exemple, si je
m'étais chaque fois laissé stopper par des inquiétudes, les
miennes ou celles des autres. Et je m'en suis sorti tant de fois...
J'aurais peut-être dû ne pas oublier en chemin de garder encore
quelque méfiance. Pas seulement envers autrui mais envers moi-même.
StarFox, t'es pas infaillible, mec. Tu peux aussi te faire refiler de
la camelote par des rebelles de carnaval. Mais je trouvais tellement
drôle d'opérer en toute quiétude sous le nez des Tulliens avec
l'aide de quelques ados qui avaient eu le coup de de bol de mettre la
main sur un HG... Enfin, le soi-disant HG est lâché et le trou noir
est toujours là, toujours aussi puissant. Et moi aussi. Et Faux-Ami
ne parvient à calculer aucune échappatoire qui ne passerait pas à
travers ce fichu trou. Voilà les gars, je vous aime bien alors si je
trouve de l'autre côté qu'ils vendent des cartes postales, promis, je
vous en envoie une rigolote avec des chatons dessus... Bon sang,
j'espère qu'ils ont des chatons là-bas aussi... A la prochaine !
Fin de la communication."