mardi 13 décembre 2016

La Phase Fractale - Itération #4 : Anaal Nathrakh - The Whole of the Law



Une fois n'est pas coutume, je m'attèle à la tâche d'écrire une chronique d'album, d'un groupe que j'aime beaucoup, Anaal Nathrakh avec leur dernière ogive nucléaire en date, The Whole Of The Law, larguée fin octobre via Metal Blade Records.


Anaal Nathrakh et son black metal torturé et chaotique nous offrent une nouvelle pièce de leur puzzle musical avec cette œuvre. Comme à chaque nouvel opus, le duo de Birmingham (Mick Kenny à la composition et Dave Hunt au chant) vient nous faire ressentir la colère, la douleur et enfoncer encore plus loin le clou. C'est déjà ce qu'il se dégage de l'artwork, détail du tableau "Dante et Virgile" de William Bouguereau, avec un traitement plus sombre et plus sale de l’œuvre originelle qui rappelle fortement l'impact brutal de "In The Constellation Of The Black Widow" ayant utilisé les travaux de Gustave Doré pour son illustration.


Pour en venir au coeur du sujet, la musique, celle-ci garde également cette violence cathartique et rentre-dedans si caractéristique du groupe et se permet même de sublimer le tout de solos très efficaces et d'ambiances prenant aux tripes. Néanmoins, cet album nous montre surtout des facettes cachées d'Anaal Nathrakh, avec un accent prononcé sur l'expérimentation, notamment au niveau des influences musicales ; que ce soit dans les domaines électroniques extrêmes et industrielles (le gros bass kick bien sale de "Hold Your Children Close and Pray for Oblivion" est tout simplement délicieux) ou de la diversité du chant (le trip à la King Diamond de "Extravaganza!" ou encore l'usage de chœurs). 


Cerise sur le gâteau, deux titres bonus figurent sur cet album : "Powerslave", reprise tirée de leur participation au tribute album d'Iron Maiden  ("Heaven Maiden volume 2") et "Man at C&A", reprise surprenante du groupe de ska "The Specials". Avec The Whole Of The Law, Anaal Nathrakh nous montre qu'il est possible de se renouveler tout en gardant son identité. Les influences dévoilées sur cet album ouvrent la porte sur un autre cercle infernal que l'on pouvait déjà entrapercevoir dans les premiers opus du groupe pourtant beaucoup plus orienté Raw Black Metal. Prenons par exemple le morceau "Paradigm shift - Annihilation" tiré de l'album The Codex Necro (2001) aux influences Drum'n'Bass , ou encore le morceau "Necrogeddon" de Total Fucking Necro (2002) aux touches discrètes de chants aigües. Mais ce besoin d’expérimentation, resté discret au début, se retrouve sublimé sur cet album exceptionnel. Ainsi, le duo anglais poursuit son jeu avec les codes musicaux pour créer sa propre identité sonore avec brio.