mercredi 10 février 2016

David Bowie et les années 80 et 90 : déclin et régénération


Lorsque l'Amiral a annoncé le Cycle Bowie sur le blog, David Bowie n'était pas encore mort... il venait juste de fêter son 69e anniversaire en sortant Blackstar, album lumineux, presque hors du temps, qui marquait le retour d'un des artistes les plus fascinants de ces quatre dernières décennies. Enfin... tout allait bien dans le meilleur des mondes pour ainsi dire.

Je me suis creusée la tête pendant bien une semaine en me demandant quel aspect de sa carrière j'allais bien pouvoir développer ici pour rendre hommage à cet homme qui représentait tant à mes yeux. Mais pas facile d'écrire sur Bowie tant tout a déjà été dit. Un aspect de sa carrière m'est néanmoins rapidement apparu comme étant trop peu abordé lorsque l'on traite du cas Bowie : les années 90. 

Alors que la période 70's est louée et celle des 80's décriée, il est assez rare qu'un journaliste se penche sur les albums sortis par Bowie au cours des années 90. Ainsi, les rétrospectives qui lui sont consacrées sont à mon sens trop souvent partielles, incomplètes, où les albums en question ne sont jamais remis en perspective avec le reste de sa carrière. Et puis, en parlant un peu autour de moi, dans mon cercle de connaissance pourtant constitué de pas mal de mélomanes avertis, j'ai été frappée par la persistance d'une idée reçue qui n'en finit pas de traîner sur le dos de Bowie : celle qui considère que David Bowie n'a été véritablement innovant que durant la période des années 70 et qu'au delà (spécifiquement dans les 80), sa musique était moins inspirée et globalement moins avant-gardiste.

Comme pour tous les clichés, cette réputation est en partie justifiée. Faites le test, c'est pas compliqué : écouter-vous dans l'ordre The Rise and Fall of Ziggy Stardust, Aladdin Sane, Station to Station, Low, Lodger et finissez par Let's Dance et Tonight... force est de reconnaitre que ces deux derniers opus palissent de l'inévitable comparaison avec les albums des 70's, tous plus géniaux et novateurs les uns que les autres.

Plus tard, lors de nombreuses interviews, Bowie lui-même a reconnu cette période creuse de sa carrière, tout en émettant une analyse assez critique de son ancien statut de machine à tubes : « Je n'ai jamais été aussi peu intéressé par ce que je faisais que dans les années 80. J'avais complètement déserté ma musique. Bizarrement, c'est à cette époque que j'ai eu mon plus grand tube avec 'Let's Dance'. Pour la première fois, j'appartenais au public et je ne savais pas quoi faire. Leur donner ce qu'ils réclamaient ou leur résister... » (Télérama, 12 Juin 2002)

La décennie 80 avait pourtant très bien débuté avec la sortie en septembre 1980 de l'album Scary Monsters (And Super Creep). Un an seulement après Lodger, dernier opus de la magistrale trilogie berlinoise, Scary Monsters, sans être un album révolutionnaire, à l'immense mérite de renouveler le son de Bowie, tout en gardant une certaine cohérence avec ses précédents travaux. Un morceau comme « Ashes To Ashes » en est la parfaite illustration. Sans doute plus pop et dansant, Scary Monsters conserve néanmoins des éléments électroniques des albums passés, tout en développant une approche très rock et entraînante, notamment sur des morceaux comme « Scary Monsters (And Super Creep) », « Scream Like A Baby », « Because You're Young »... Le soin apporté aux arrangements et au son des guitares est particulièrement frappant et efficace. Il faut dire qu'une fois de plus, Bowie a su s'entourer de grands noms : sans compter la présence de ses fidèles acolytes Tony Visconti et Carlos Alomar, on note la participation des éminents Robert Fripp et Pete Townshend. Ouais, c'est plutôt la classe ouais. Scary Monsters à toutes les caractéristiques d'un album de transition qui arrive à un moment clef de la carrière de Bowie. Ce son plus rock, ces invités prestigieux et surtout sa collaboration avec Tom Verlaine, auteur du morceau « Kingdom Come » et accessoirement guitariste et frontman de l'excellent groupe new-yorkais Television, annonçait le meilleur et rassurait quant à la capacité de Bowie de passer le difficile cap des années 80.

Let's Dance, sorti en 1983, viendra malheureusement balayer ses promesses. Malgré l'immense succès public de l'album, qui reste encore à ce jour le plus grand succès commercial de David Bowie, Let's Dance inaugure une période particulièrement fade de sa carrière, où son son devient plus mainstream, typé FM et taillé pour les stades. Exit les Brian Eno et autres Tony Visconti, cette fois Bowie confie la production à Nile Rodgers, guitariste du groupe Chic et futur producteur de Madonna et Duran Duran. Qu'on s'entende bien, Let's Dance n'est pas mauvais en soi. Je dirais même que c'est un album plutôt sympathique et dynamique. Mais une fois de plus, nos oreilles de mélomanes nous poussent à replacer les choses dans leur contexte, à savoir la carrière de Bowie dans sa globalité, et force est de reconnaître que, pour la première fois, ses compositions et son son ne présentent aucune originalité majeure. Hormis l'excellent « Ricochet », qui personnellement me rappelle beaucoup l'ambiance de certains morceaux des Talking Heads ou de Peter Gabriel période Melt ou Security, aucune chanson ne sort véritablement du lot. Si vous voulez, Let's Dance, c'est le parfait fond sonore pour une soirée sympa entre potes, mais il ne faut pas s'attendre à plus.

Le contraste est d'autant plus saisissant lorsque l'on sait qu'en 82, un an seulement avant la sortie de Let's Dance, sortait la BO du film Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée... , BO exclusivement composée de différents morceaux piochés dans Station To Station et dans la trilogie berlinoise. Cette adaptation du récit autobiographique éponyme de Christiane Felscherinow, dans laquelle Bowie incarne d'ailleurs son propre rôle, nous plonge dans le Berlin du milieu des années 70 où le nouveau fléau de l'héroïne entraîne misère sociale et prostitution juvénile. Cette ambiance extrêmement crade et pesante, parfaitement soutenue par les morceaux les plus sombres et contemplatifs d'albums comme Low, et Heroes, tranche radicalement avec cette nouvelle image bien lisse d'un Bowie en perte de vitesse et surtout en voie de normalisation.

Mais c'est avec Tonight, sorti en septembre 84, que le coup de grâce est véritablement porté. Cherchant sans doute à surfer sur l'immense succès de Let's Dance, Tonight a été confectionné dans la précipitation, et ça s'entend : oscillant entre ballade plan-plan ("God Only Knows"), tentatives de reggae peu convaincantes sur « Don't Look Down » et « Tonight », et morceaux tous plus kitsch les uns que les autres (« I Keep Forgetting » dans lequel Bowie semble se prendre pour Elvis, « Neighborhood Threat », qui, avec « Tonight » et après « China Girl », constitue un énième massacre d'une chanson de son compère Iggy Pop), Tonight souffre d'un manque de cohérence flagrant et n'est qu'une resucée moins entraînante et moins bien produite de l'album précédent.

Malheureusement, le niveau ne sera guère meilleur sur l'album suivant, Never Let Me Down, sorti en 1987. Vous savez, Never Let Me Down, tout comme Tonight d'ailleurs, c'est le genre d'album dont on peut aisément supposer qu'ils étaient déjà ringards au moment même de leur sortie. Musicalement, ce nouvel album ne présente rien de particulièrement notable : caisse claire réverbée à outrance, dégueulis de synthé kitschouille au possible, compositions insipides... tous les clichés de la pop des années 80 sont au programme. Après s'être entouré des meilleurs guitaristes tout au long de sa carrière, que ce soit en studio ou en tournée (Mick Ronson, Earl Slick, Robert Fripp, Adrian Belew, Stevie Ray Vaughan...), Bowie confie ici les guitares à son ami d'enfance Peter Frampton, grand pape du rock mainstream à tendance variétoche. Alors je ne dis pas que le mec n'a pas un p'tit talent à la guitare, ni même que cette collaboration c'est la honte absolue, mais quand même... ça sonne un peu creux tout ça. Ces deux albums marquent assurément la période la plus pauvre musicalement parlant de David Bowie, qui, plus tard les reniera en bloc en comparant par exemple le fiasco que fut Never Let Me Down et la tournée qui suivie, à un « nadir artistique ». Ambiance.

Alors qu'en Angleterre, plus ou moins à la même période, une nouvelle vague de jeunes formations telles que Bauhaus, Siouxsie and the Banshees et The Cure (pour ne citer que les plus emblématiques) portaient le flambeau du post-punk et du rock gothique, mouvances ô combien marquées par les expérimentations du duo Bowie-Eno période trilogie berlinoise, le virage « dance » de Bowie apparaît effectivement un peu superficiel. Bowie est passé à côté des années 80 et de son rock sombre et désabusé. Et lorsque l'on se ré-imprègne des atmosphères glauques et expérimentales des morceaux instrumentaux qui composent notamment les face B d'albums comme Low ou Heroes, ou lorsque l'on repense à l'allure à la fois étrange et élégante du Thin White Duke, il est vrai qu'on ne peut que regretter cette perte de vitesse et ce manque d'inspiration. Je sais pas, imaginer un peu Bowie, artiste visionnaire qui a toujours su capter et brasser tout un tas d'influences différentes, s'inspirer des mouvements underground des années 80 comme le post-punk, la musique industrielle ou la New Wave, ça aurai eu de la gueule !

Bowie période Thin White Duke et l'un de ses nombreux fils spirituels, Peter Murphy de Bauhaus.

Pour beaucoup, le David Bowie des 80's se résume donc à la très frivole trilogie dance, aux costumes trop larges couleur moutarde assortis à la coupe type Donald Trump et aux kitchissimes duos avec Queen, Tina Turner et Mick Jagger. Incontestablement, la déchéance artistique de Bowie dans les 80's est un état de fait. Néanmoins, cette constatation a tendance à cloisonner la carrière de Bowie dans les années 70, si bien que beaucoup de gens, amateurs de musique de près ou de loin, n'ont pas forcément la curiosité de se pencher sur le reste de sa carrière, et aux différentes tournures qu'elle prit à la fin des années 80 et par la suite dans les années 90.

Typiquement, un projet comme Tin Machine a souffert, et souffre encore aujourd'hui, d'un manque d'intérêt assez étonnant. Monté après le monumental four que fut le Glass Spider Tour, Tin Machine sera la parenthèse que Bowie s'accordera entre 1988 et 1992, le temps de deux albums studios et un live. Après sa collaboration bancale avec Frampton, Bowie intègre ici une formation de trois musiciens plutôt attrayants. On y retrouve les frangins Tony et Hunt Sales, bassiste et batteur ayant notamment officié aux côté d'Iggy Pop sur Lust For Life (d'ailleurs produit par Bowie), ainsi qu'un certain Reeves Gabrels, excellent guitariste qu'on retrouvera par la suite sur Outside, Earthling et '...Hours'. Depuis 71 et la formation Arnold Corns, étrange side-project pré-Ziggy Stardust And The Spiders From Mars, cela faisait bien longtemps que l'on n'avait pas vu Bowie s'effacer au profit d'un groupe. Enfin, quelque chose semble bouger en cette période bien creuse de sa carrière.

Le premier album de Tin Machine, sobrement intitulé Tin Machine, sortira en 1989 et sera littéralement descendu par la critique et boudé par le public. On a écrit les pires horreurs à propos de cet album qui, pourtant, n'a rien de particulièrement consternant. Bien au contraire, on peut voir en Tin Machine la première étape de la renaissance artistique de Bowie. Tandis que les frérots Sales assurent une base rythmique très efficace, Gabrels attise une énergie rock-blues (« Heaven's In Here », « Under The God », « Sacrifice Yourself ») qu'il nuance avec des influences puisées du côté du garage, du punk (« Tin Machine », « Pretty Thing »), et du rock expérimental. Le tout est porté par la voix d'un Bowie dont on se plait à redécouvrir les contrastes. Tantôt agressive sur « Crack City » ou sur la reprise de « Working Class Hero », elle se fait plus rassurante sur « Amazing », puis sombre et mélancolique sur l'hypnotisant « I Can't Read ». Une chose est sûre, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas chanté avec autant de ferveur et de sincérité.

Tin Machine se remit rapidement au travail en 91 avec le non moins rock Tin Machine II, puis avec Oy Vey, Baby, live enregistré en 92, durant le It's My Life Tour. Ces deux albums, qui ne bénéficient pas franchement d'une meilleure réputation que le précédent, sont aujourd'hui facilement trouvables sur YouTube mais restent très difficiles à se procurer en version matérielle. Malheureusement, beaucoup de gens sont passés à côté de ces albums et n'ont pas prêté attention à ce sérieux regain de crédibilité artistique. Plus authentique et musicalement plus intéressant que la plupart de ses productions des années 80, Tin Machine, malgré son échec commercial et critique, sera une véritable bouffée d'oxygène pour Bowie.

Le renouveau musical de la carrière solo de David Bowie s'amorce avec l'album Black Tie White Noise sorti en 1993. Peut-être encore un peu timide et confus, cet album marque néanmoins le retour d'une approche plus expérimentale et éclectique, deux mots qui résument assez bien sa carrière dans les années 90. Il marque également le retour de Nile Rodgers à la production ainsi que de Mick Ronson, guitariste légendaire des Spiders From Mars, invité par Bowie sur l'excellent « I Feel Free » et qui décèdera quelques semaines seulement après la sortie de l'album. Black Tie White Noise n'est pas évident à appréhender, il nécessite plusieurs écoutes assidues avant de se révéler dans toute sa diversité et son audace : rythmiques trip-hop, sonorités jazz, funk, soul, pop, électro, utilisation de samples, le tout fondu dans une pop bizarre, à la fois dansante et contemplative. Après l'outrance de saxo et de synthés craignos de la trilogie dance, Bowie propose enfin une approche des cuivres, notamment de la trompette (confiée au très réputé Lester Bowie), beaucoup plus élégante et classe (« You've Been Around », « Black Tie White Noise », « Looking For Lester » le sublime «Pallas Athena »...), injectant ainsi à Black Tie White Noise une énergie parfois proche du free-jazz. Si vous êtes fan du magistral Endtroducing de Dj Shadow ou de Portishead et Massie Attack, il y a de grandes chances pour que ce Black Tie White Noise vous parle. Très dense, l'album a parfois tendance à tourner en rond et à se perdre un peu dans sa volonté de mélanger les genres. Mais pour la première fois depuis... ouais, disons depuis la trilogie berlinoise, Bowie défriche, innove et surtout, sa musique semble enfin correspondre à l'époque.

Quelques mois plus tard, Bowie persévérera dans l'effort en sortant The Buddha of Suburbia, BO de la mini-série du même nom réalisée par Roger Michell. Moins accessible que Black Tie White Noise, cette BO brasse encore énormément d'influences différentes. Elle balade l'auditeur de sonorités électro-Jazz (« South Horzon »), en passant pas de longues plages ambiantes très planantes (« Ian Fish, UK. Heir », « The Mysteries » qui, là encore, me rappelle beaucoup certains passages du Secret World Tour de Peter Gabriel). Le résultat est plutôt inattendu, mais très cohérent. Mais c'est véritablement avec Outside, paru en 1995 que Bowie revient enfin en force.

Produit par Brian Eno avec qui il n'avait plus travaillé depuis Lodger, dernier acte de la trilogie berlinoise, Outside est un album très ambitieux qui ravive l'un de ses plus grands talents : savoir capter au bon moment ce qui se fait dans les milieux plus alternatifs et undergrounds, pour ensuite l'incorporer subtilement à sa musique. Pour Outside, Bowie n'a jamais caché ses influences : notamment séduit par les bidouillages de Trent Reznor de Nine Inch Nails, à peine sorti de l'immense succès du non moins immense album The Downward Spiral sorti un an plus tôt, Bowie amorce avec cet album un virage très indus. La tournée promotionnelle de l'album, dans laquelle il embarque avec lui Nine Inch Nails, offrira à un public chanceux l'une des affiches les plus jouissives de l'Histoire du rock. Oui, ni plus ni moins. Outre les morceaux que partagent sur scène les deux groupes (« Subterraneans », « «Scary Monsters And Super Creep », « Hallo Spaceboy » de David Bowie, « Reptile » et « Hurt » de NIN), la tournée sera également l'occasion pour Bowie de se confronter et s'adapter à un public plus jeune et sans doute plus pointu, venus en majorité applaudir la bande à Reznor. Hormis la référence évidente à NIN, Bowie a également reconnu s'être avant tout inspiré des Young Gods, groupe suisse aussi discret qu'influent, souvent associé à la musique industrielle. Grands maîtres de l'échantillonnage, depuis 87 et la sortie de leur premier album, ces dignes représentants de l'underground hélvétique s'appliquent à casser les règles du rock à grand renfort de machines, de rythmes indus puissants, comme martelés, et de guitares agressives et dissonantes.




Plus expérimental en tout point, Outside est aussi un album beaucoup plus atmosphérique et conceptuel que les derniers travaux de Bowie. Plus de 20 ans après Station to Station et le magnétique Thin White Duke, censé être le dernier personnage incarné par Bowie, il revient avec un nouveau concept ainsi qu'un nouveau personnage, beaucoup moins connu que ses vénérables prédécesseurs : Outside raconte l'histoire de Nathan Adler, un détective qui enquête sur le meurtre de Baby Grace Blue, une jeune adolescente victime de l'Art-Crime, mouvance artistique qui élève le meurtre au rang d’œuvre d'art. Cette fresque dystopique nous est décrite via le journal intime d'Adler en nous plongeant ainsi dans la psyché de cet homme sombre et torturé. Outside est un album complet et très abouti. C'est une œuvre totale et introspective dans laquelle Bowie s'est investi à 100%, en s'inspirant notamment de son propre journal intime pour écrire l'histoire de l'album.

En 97 sort Earthing, qui s'annonce aussi flamboyant que sa pochette. Moins atmosphérique et plus accrocheur qu'Outside, Earthling est un album bigarré au possible. Là encore, le père Reznor est dans le coup en partageant un nouveau duo avec Bowie sur le très étrange « I'm Afraid Of Americans », qui aurait très bien pu figurer sur la face B de The Fragile tant on y retrouve la patte si particulière du leader de Nine Inch Nails. Tout en gardant des éléments très indus, Bowie décide de s'aventurer davantage dans la diversité qu'offre la musique électronique et ses nombreux sous-genres. Ainsi, à tout juste cinquante balais, David Bowie investit le champ de la jungle, de la drum and bass voire techno, à une époque où ses mouvances étaient tout juste balbutiantes. Véritable explosion de sons et de couleur, Earthling est une gigantesque teuf sous champignons hallucinogènes qui insuffle à l'auditeur une énergie sauvage et frénétique.

Après les ambiances tendues et crépusculaires d'Outside et le mur du son que constitue Earthling, Bowie clôture les années 90 en 1999 avec 'Hours...', album plus apaisé et sobre qui semble amorcer une nouvelle phase de sa carrière. Sans pour autant être avare en bizarreries, cet album fait redescendre la pression amorcée sur les deux derniers albums, en adoptant notamment une approche plus traditionnelle du rock et de la mélodie.

La décennie 90 est d'une richesse indéniable. Bien que plus discrète dans la carrière de David Bowie, elle est tout à fait comparable à celle des 70's par cette volonté en permanence renouvelée d'explorer de nouveaux paysages musicaux. Du blues rock expérimental au free jazz teinté d'électro en passant par les ambiance trip-hop et indus jusqu'aux expérimentations noise et jungle, Bowie a été sur tous les fronts musicalement parlant. Il était Bowie, quoi.

Un article de Terminatar.