samedi 26 septembre 2015

Carnival Bizarre de Cathedral a vingt ans


Ce n'est pas que ce soit un album culte (enfin, pas plus qu'un autre album de Cathedral). Ce n'est pas que ce soit un album qui a marqué ou chamboulé l'histoire de la musique, ou du metal, ou du doom même en particulier. C'est juste que c'est un album de Cathedral - c'est-à-dire l'un des groupes de doom les plus importants de l'histoire du genre -, qu'il a vingt ans en ce 26 septembre 2015 et que c'est déjà pas mal pour en parler. Ha, oui, c'est sans doute aussi parce que c'est un album qui se place à une époque charnière de l'histoire du groupe et ça aussi, ça mérite d'être raconté.

En quoi l'année 1995 est-elle plus particulière qu'une autre dans le parcours de Cathedral ? Il est vrai qu'on aurait pu prendre n'importe quelle année et y trouver quelque chose de spécial. Ne serait-ce que parce que chaque année au-delà de sa date de formation, en 1989, est déjà plus que Lee Dorrian, le chanteur du groupe, n'espérait : "Pour être honnête, jamais nous n'aurions pensé faire plus qu'une démo" avouait-il en 2011, quand le groupe avait déjà annoncé son proche trépas.

Mais dans les faits, l'année 1995 commençait plutôt mal. D'abord, Cathedral passait par de multiples chamboulements de personnel avec un fort turn-over aux postes de bassiste et de batteur depuis la sortie de l'album The Ethereal Mirror. Puis la maison de disques Columbia, chez qui ils ont signé peu après la sortie (et le succès) de leur premier album Forest Of Equilibrium chez Earache Records, les a lâchés, notamment à cause du coût des remplacements de musiciens : "On a utilisé l'argent de Columbia pour faire venir toutes mes idoles jusqu'à ce qu'ils se rendent compte de notre petit jeu et nous lâchent avec les dettes." (Lee Dorrian) *

D'un autre côté, Cathedral sortait, fin 1994, d'une tournée avec d'autres de leurs idoles : Black Sabbath (une consécration, en somme) et rentrait au bercail chez Earache Records. Un soulagement tout de même après la vie dans le grand monde : "J'avais peur qu'on tombe un jour dans une musique trop calibrée et je crois qu'on s'en est rapproché dangereusement avec The Ethereal Mirror parce que c'était une grosse production et que ça nous a fait perdre notre objectif de vue." (Lee Dorrian) *

En 1995, au moment de retourner en studio pour enregistrer son troisième album, Carnival Bizarre, Cathedral retrouvait donc ses repères, se souvenait d'où il venait, où il allait, de ce qu'il avait trouvé en chemin et peut-être même de ce qu'il pouvait représenter : à savoir le chef de file du mouvement doom dans les années 90. Statut confirmé par un invité de haut rang : le Godfather of Doom Tony Iommi (Black Sabbath) himself venu poser ses riffs sur le titre "Utopian Blaster". Il n'en fallait pas plus pour confirmer le sacre de Cathedral.


Enfin, se pencher sur cet album nous permet aussi de revoir le clip de "Hopkins (Witchfinder General)" qui nous amène à penser que les clips des groupes de hair metal des années 80 ont trouvé des héritiers dans le doom des années 90 avec danseuse lascive et autres instants sexy.


* Source : Anthologie du Metal t.2,  Garry Sharpe Young, éditions Camion Blanc, .