Si je vous dis Gandalf, ça vous évoque aujourd'hui Le Seigneur des Anneaux, mais il fut un temps où ce nom tout droit sorti de la mythologie de Sir Tolkien était également le nom choisi par un excellent, que dis-je, supersonique groupe de rock psychédélique, et courant années 60, on sait que Tolkien n'était pas le plus populaire de tous les auteurs, mais réservé à une communauté de mi-hippies, mi-poètes.
Formé en 1965, Gandalf aura une carrière très courte puisque le groupe se sépare en 1968, avant même la sortie de leur premier album éponyme début 1969.
Dans la catégorie des actes manqués du rock des années 60-70, Gandalf se place haut la main, car malgré un album d'une qualité exceptionnelle et un contrat chez Capitol, l'alchimie entre les membres du groupe précipitera ce dernier vers une fin bien trop précoce.
Ce qui nous intéresse pour ce "C'est lundi, c'est la reprise", c'est le goût de Gandalf pour la reprise, donc, mais surtout pour la reprise improbable et de bon goût.
On compte sur leur premier et unique album pas moins de cinq reprises, allant du standard "Nature Boy" (Eden Ahbez), à celle qui nous intéresse : "Hang On To A Dream" de Tim Hardin.
Quand un groupe obscur reprend un artiste tout aussi sous-estimé, on touche au chef-d’œuvre.
Gandalf insuffle au classique de Tim Hardin un groove à base d'orchestrations savantes, d'orgue mélancolique et psychédélique, qui en fait une chanson sombre, prophétique sur les années 70 qui ne tarderont pas à pointer le bout de leur nez.
Tim Hardin |
Hommage étoilé à la trop courte carrière de Hardin, parti trop tôt en 1980 d'une overdose d'héroïne, Gandalf livre une réinterprétation magistrale de la folk subtile et du très beau texte de Hardin, ce dernier n'ayant jamais obtenu un grand succès public, bien que très souvent repris, et redoutant la scène, étant ainsi incapable de promouvoir sa musique dans les salles (tiens, ça nous rappelle un certain Nick Drake).
Jetez vous sur l'album de Gandalf ! Devenu introuvable, ce dernier a été réédité en 2002 par Sundazed Records, et croyez-moi, ce dernier est culte et vous accrochera longtemps, distillant un rock psychédélique et baroque qui tombe toujours juste, sorte d'ovni dans le paysage musical de la fin des 60's qui n'a pas pris une ride.
Cerebra