S'il y a bien un décennie qui aura définitivement enterré (certes momentanément) le géant Kiss, c'est bien les années 90. Avec un Revenge et un Carnival of Souls au-delà du médiocre, et un futur Psycho Circus qui aura entrainé les pires outrages qu'un groupe puisse faire subir à ses fans (si ce n'était que l'album... mais, aaah ! les cons ils en ont fait un jeu .... NON DEUX EN PLUS ..... ET UN JEU DE FLIPPER !!!!) ....
Non, mais non, mais non, mais non |
Bref, comme je disais, Kiss n'était pas au top alors que paradoxalement c'est la décennie qui les portent aux nues. En effet, les jeunes des 80's ont grandi et ont désormais leurs groupes qui s'appellent aujourd'hui Pearl Jam, Dinosaur Jr, Extreme, Alice In Chains et j'en passe. Donc, forcément, en 1994, les gaillards peinturlurés, au lieu de se relancer dans le cinemahahahahahah ou dans un un énième Kiss Alive, sentent là de quoi sortir un produit intéressant labellisé Kiss : un tribute.
Et dire qu'il y des gens qui ont ça chez eux ... |
Je dois dire que pour ma part, la plupart des albums tribute ont la fâcheuse tendance à m'ennuyer très rapidement. L'idée d'aller chercher quelques chanteurs et musiciens de divers groupes plus ou moins talentueux (souvent moins) pour leur faire reprendre les "hymnes" d'Alice Cooper, Metallica et Iron Maiden à la note près s'est rarement relevé audacieux, voire tout simplement bon.
Quelle ne fut donc pas ma surprise en découvrant ce Kiss My Ass, déjà par la la qualité d’exécution mais aussi dans la variété des invités réunis pour l'occasion : Extreme, Anthrax ou Dinosaur Jr, comme cités précédemment, mais aussi des noms plus surprenants ...
Et on commence d'emblée avec Lenny Kravitz qui se proposait déja dans sa carrière solo le pari de marier le groove de Curtis Mayfield à la lourdeur de Led Zeppelin. Et la recette s'applique parfaitement sur le classique "Deuce", tout en cot-cot funky, et qui se targue le luxe d'inviter un harmoniciste pas mauvais dans son genre : Stevie Wonder.
Une autre pièce maitresse de l'album est pour ma part la reprise-medley d'Extreme. Dans la même veine que Kravitz, la bande de Nuno Bettencourt aimait déjà, depuis son album Pornograffiti, apposer des rythmiques syncopées et groovy sur les exploits du virtuoso portugais aux ongles soigneusement vernis. En partant sur le morceau de base "Strutter", Extreme le réinterprète dans un style proche d'Hendrix, tout en faisant la part belle aux chœurs et y incluant en guise de pont et d'outros "God Of Thunder" et "Love Gun".
Viennent ensuite les reprises efficaces et originales de trois autres groupes : le grunge alternatif et très Neil-Young-ien des excellents Dinosaur Jr sur "Goin' Blind" déja repris quelques temps plus tôt par leurs copains des Melvins ; une version ska-heavy des punks de The Mighty Mighty Bosstones ; et enfin le supergroupe Shandi's Addiction reprenant "Calling Doctor Love", supergroupe derrière qui se cachent les RATM Tom Morello et Brad Wilk, Billy Gould de Faith No More, et Maynard Keenan de Tool et A Perfect Circle. Bref, du beau monde biberonné au son de Kiss.
Je ne m'étendrai pas sur Garth Brooks et Die Arzte car même si leurs reprises country et indus-disco sont de qualités, je préfère vous laisser le plaisir de les découvrir par vous même, histoire de vous rendre compte que les classiques de Kiss sont vraiment des compositions de qualités adaptables à biens des genres différents.
La grosse surprise pour la fin de l'album, c'est bien évidemment la présence de Yoshiki, le batteur-pianiste à frou-frou de X-Japan. Gene Simmons lui avait d'ailleurs personnellement demandé d'adapter "I" du pompeux "Music From The Elder", sur quoi Yoshiki avait préféré s'attaquer à la pièce moins évidente qu'est "Black Diamond". Ainsi, tout comme il l'avait fait quelques années plus tôt avec son album "Eternal Melody" où il réadaptait les morceaux de X-Japan avec l'orchestre philharmonique de Londres (excusez du peu), il se recolle à la tâche mais cette fois avec l'American Symphony Orchestra.
Pour tout ceux qui sont habitués à la musique du bonhomme, il faut dire que, comme souvent, on n'est jamais loin du grotesque avec Yoshiki, mais force est de constater que l'ensemble est cohérent, que c'est toujours un salopard de bon pianiste, et surtout que c'est agréable pour une fois de voir qu'un tribute-album peut nous surprendre, en bien ou en mal mais au moins nous surprendre.
Au final, on se retrouve devant un album qui ne satisfera pas tout le monde sur la longueur (moi y compris), mais où le pari sera réussi de proposer un véritable tribute riche et varié, et donc ne tombant pas dans le fan-service... ce qui pour Kiss est sacrément étonnant, non ?
Comment ça ils en ont fait une suite à ce tribute ?????
Décidément...
Captain Nightfly