vendredi 15 janvier 2016

Top 5 albums 2015 : Amiral Animal

Pour la première fois cette année, notre équipe vous aura offert son bilan musical de l'année, chaque animateur de l'émission à la fois, avec un petit Top 5. Après CereBra, Captain Nightfly, Sgt Fractal et Terminatar (sans oublier le Top cinéma d'animation du Docteur Slapstick) c'est au tour de notre Suprême Leader l'Amiral Animal de désigner ses champions musicaux de 2015.

N°1 - The Night Flight Orchestra - Skyline Whispers


S'il a la palme de la pochette moche de 2015, vous insulteriez l'adage "ne jugez pas un livre à sa couverture" en vous arrêtant à cette première impression de mauvais goût concernant ce deuxième album de NFO. Le premier avait été la meilleure des soundtracks à un road-trip rock'n'roll et groovy à travers des paysages sauvages. Le second est un arrêt en boîte de nuit, entre fin des 70's et début des années 80, dans une ambiance à la fois disco-funk décomplexée et hard détendu du pantalon à franges assurée par une bande des musiciens issus de la scène metal extrême (Soilwork, Arch Enemy). L'album qu'il fallait écoutait en 2015 pour survivre à une année de malheur, le disque de secours face à toute forme de morosité qui devrait être remboursé par la Sécu tant il apporte joie et amour à quiconque l'écoute.

Le morceau à écouter : "Stiletto".

N° 2 - Shining - International Blackjazz Society


Kiss a sa Kiss Army, Aerosmith a la Blue Army, Turbonegro sa Turbojugend, les Norvégiens de Shining ont donné naissance à l'International Blackjazz Society ! Sur ce nouvel album, la bande de Jorgen Munkeby continue de retailler les limites extrêmes du metal dans un secteur qu'il s'est lui-même construit - le blackjazz -, où il règne et impose ses secousses à tout le monde du metal. La démonstration de la puissance de ce groupe avait déjà été faite dès leur sortie catapultée du circuit jazz vers la sphère metal (alors que le groupe expérimentait déjà sur ses précédents albums avec le gros son) grâce à l'album Blackjazz en 2010, avait enfoncé le clou avec ses concerts et son Live Blackjazz (2011) et avait laissé plané le doute à cause de One One One qui paraissait répéter une recette (pas dégueu ; ,e me faites pas dire ce que je n'ai pas dit) dans une succession de singles. Mais IBS, c'est le revers de grosse baffe du jazz metal à l'allure ultra-élaborée qui ne se prive pas de te labourer les oreilles avec parfois une rage que même les plus bourrins des groupes de metal "classique" ne laissent pas jaillir dans un déluge entre hits accessibles et expérimentations free-jazz-noise ! L'avenir des musiques saturées ne se fera pas sans eux.

Le morceau à écouter : "Last Day"
 
N°3 - Ghost - Meliora


L'unique preuve à apporter de la force de cet album, c'est qu'il a en un seul coup fait tomber tout le mépris que j'avais pour ce groupe, l'engouement pour celui-ci, son esthétique et son style musical recyclés, ses shows qui ne seraient que mascarades pour masquer l'absence de réelle création musicale... J'ai depuis des années combattu l'aveuglement dont je croyais voir souffrir tout ceux qui les admiraient, je me suis échappé d'un de leur concert au bout de dix minutes, ennuyé que j'étais par ce que je voyais... Depuis tout ce temps, je ne leur avais reconnu qu'un talent pour l'art de la reprise. Même les premiers titres dévoilés de cet album m'avaient laissé froid. Et puis est arrivé "From The Pinnacle To The Pit" et j'ai sombré. Et le reste de l'album m'est parvenu et je n'ai plus trouvé quoi que ce soit à lui opposer, même concernant les singles qui ne m'avaient pas touché plus tôt. Ghost est vraiment un excellent groupe. Bon, je ne trouve toujours pas d'intérêt à leurs premiers album et je ne paierai toujours pas pour les voir en concert mais je commence à comprendre.

Le morceau à écouter : "From The Pinnacle To The Pit"
 
N°4 - Marilyn Manson - The Pale Emperor


L'une des raisons qui doit pousser à l'adoration de cet album, c'est la résurrection. Si le Christ a gagné une religion à son nom grâce à son retour d'entre les morts, l'Antéchrist (ainsi qu'on le surnommait autrefois) mérite bien un peu plus d'amour que du désamour dont on le charge depuis plus d'une décennie pour être sorti de sa traversée du désert artistique avec cet album où chaque chanson est un véritable exemple de talent de composition et d'interprétation. L'âme - ou la portion d'âme - qui a engendré Antechrist Superstar ou Mechanical Animals s'est probablement éteinte il y a longtemps, mais on y a retrouvé un auteur-compositeur-interprète (comme on dit) qui a fini de se chercher à travers des relations amoureuses foireuses, matrices d'albums médiocres, pour redevenir un artiste à (re)découvrir.

Le morceau à écouter :  "Third Day Of A Seven Day Binge"

N°5 - With The Dead - With The Dead


Je n'avais que l'embarras du choix pour la dernière place d'honneur restante de ce Top : Napalm Death qui m'a tellement séché la face en début d'année, Halestorm qui confirme sa place de valeur sure du hard/heavy moderne avec un album de tubes fichtrement bien fichu, Baroness qui revient en pleine forme après une chute qui manqua d'être fatale, Sigh parce que c'est Sigh... Mais au hasard de mes pérégrinations intellectuelles, je me suis dit que ce With The Dead est aussi un de ces albums de 2015 que je me réécouterai certainement en 2016. Car après la mort programmée de Cathedral et tandis qu'Electric Wizard se regarde le nombril et tourne en rond sous les applaudissements de ses fanatiques (non mais, Time To Die, quoi...), que reste-t-il des géants du doom ? Eh bien, leurs restes justement, et des beaux en plus, car l'alliance de Lee Dorrian (ancien chanteur de Cathedral), Mark Greening et Tim Bagshaw (respectivement ancien batteur et ancien bassiste d'Electric Wizard), si elle ne redessine pas la carte du doom, restaure ses contours, reprend l'alphabet wizardien que sa section rythmique a forgé (plus que Jus Oborn ne voudrait l'admettre en tout cas), les ambiances funèbres des musiques sous-accordées et saturées des terres anglaises noyées dans le fog que Dorrian défend depuis plus d'un quart de siècle et pose une nouvelle clé de voûte qui ornera à son tour le grand édifice du doom.

Le morceau à écouter : "Living With The Dead"